Cet écrit, comme beaucoup d'autres, a toute une histoire. Il serait un peu long de l'expliquer, et comme je l'ai déjà publié sur mon Blog, le mieux que je pourrais faire serait de vous renvoyer aux commentaires qui ont été fait dessus, où je m'explique. La seule chose à savoir, c'est qu'aujourd'hui, il a encore un sens profond pour moi, même si j'ai un peu évolué depuis. C'est un essai étrange, où je suis le protagoniste principal sans l'être vraiment. Ce n'est pas vraiment "moi", mais plutôt un "moi" romancé, exagéré, à prendre de façon métaphorique. En clair, j'essaie de faire passer un message, d'exprimer quelque chose dans ce texte, en utilisant des métaphores. Ce n'est pas vraiment moi, et ce n'est pas quelque chose de purement réel, mais c'est plus une vérité à laquelle j'aurais ajouté une touche lyrique. Bonne lecture.
Un vent glacial se lève là où je vais. Un vent froid, mais peu violent, causant des douleurs lancinantes et persistantes.
Là où j'erre, le sang coule doucement, mais le bruit du sang est fort et distinct, et c'est ma seule compagnie.
Solitaire, j'avance pas à pas dans la brume. Est-ce un précpice à côté de moi ? Je n'en ai cure. Il y a longtemps que je ne crains plus la sensation de danger.
Certains diront que l'Hiver, c'est la Mort. Mais l'Hiver est une saison de beauté : elle est figée, cristallisée. Le froid s'est installé, il suffit de rester au chaud pour s'en protéger. L'Hiver est calme, paisible, la Nature s'y arrête. Tandis que l'Automne... L'Automne est la vraie saison mortelle. Je le sais, car je suis l'Automne. En Hiver, tout est mort ? Eh bien, en Automne, tout meurt. L'Automne est la saison de la décrépitude, du froid mordant annonçant la mort. La Nature se fâne, les feuilles tombent, comme tout ce qui vit est destiné à retourner à la terre. Vous ne trouverez pas de feuille en Hiver. En Automne, au contraire, vous en trouverez, mais elles auront perdu toute leur saveur, toute leur vigueur, et seront décharnées et décrépies comme les mains d'une vieille femme, et si vous les prenez trop brsquement, elles se briseront.
Je suis l'Automne. Là où la joie et la fraîcheur dominent, il suffit que j'arrive, et tout n'est que ruine. La désolation et le désespoir m'accompagnent où que j'aille. La mort est sur mon épaule. Elle a déjà fauché nombre de personnes qui m'étaient chères... Tant de noms reviennent en mémoire... Raymond, Yvette, Christopher, Julien, Kelly, et tant d'autres... Qu'ils soient grands-parents, grand frères, amis, petite amie... Tous ont été balayés par les vagues de mort. Je connais cette Shinigami (esprit de la mort dans la mythologie japonaise) : elle est toujours à mes côtés. Mais elle n'en a pas après moi, car je ne la crains pas. Cela n'a pas d'importance pour moi, de vivre ou de mourir. Mais en ce qui concerne les autres, je fais tout pour les protéger. Et pour cela, je me dois de pendre mes distances. Je suis la froideur, le vent glacé, je suis distant et calme. Je ne suis pas cruel mais je ne fais pas montre de pitié. Je n'ai aucune prétention, mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds. Et pourtant, je ne suis pas quelqu'un de "moyen", de "normal". Car je vogue entre les deux extrêmes, et c'est ma tempérance qui me permet de ne pas le montrer.
Autrefois, j'avais un Nom. Je l'ai depuis longtemps effacé, pour ne pas m'attacher trop. S'approcher de moi, c'est s'approcher de la Mort qui est à mes côtés en permanence. C'est s'approcher du froid, de la distance. Mon Nom a perdu sa saveur, les lettres se sont envolées avec les feuilles mortes, et lorsque j'ai tenté de les rattrapper, elles se sont brisées en mille morceaux et se sont dispersées en milliards de grains de poussière...
"L'être des nuées dénué de lettres..."
Mais je n'ai pas besoin d'un nom. Je suis l'Automne, et cela me suffit. La saison actuelle n'est pas la mienne. Je me préoccupe de ce détail autant que je me préoccupe du détail de ma Mort. J'agis comme je le fais, et c'est tout. Je suis fait ainsi, et je le sais au plus profond de moi, c'est ma nature.
Alors, vous croyez tout savoir de moi ? Vous vous trompez. Vous ne savez rien de mon passé. Vous ne savez rien de mon histoire. Vous ne savez rien des liens qui m'unissent à ceux qui sont morts, ou à la Mort elle-même. Vous ne savez rien des sacrifices que j'ai dû faire. Vous ne savez pas à quel âge j'ai dû me comporter en adulte. Vous ne savez rien de mon enfance. Vous ne savez rien de ce que j'ai subi. Vous ne savez rien des efforts que j'ai dû faire. Vous ne savez rien des ténèbres dans lesquelles je suis tombé. Vous ne savez rien des lueurs d'espoir qui m'ont été tendues et dont je n'ai su profiter. Vous ne savez rien des pensées qui se cachent derrière mon caractère froid et implacable. Vous ne savez rien de ce que j'éprouve en réalité. Vous ne savez rien de moi.
Rien du tout.
Vous ne savez pas qui je suis, ni pourquoi j'agis ainsi. Il y a des raisons. Il y a des raisons, oui, mais vous n'en savez rien. Alors ne parlez pas comme si vous le saviez.
Car vous vous tromperiez tout comme vous vous trompez aujourd'hui...